Dans une récente publication sur son site, le Syndicat National des Footballeurs Cameroun (SYNAFOC) a dressé un tableau des enjeux qui marqueront les saisons 2024-2025 et 2025-2026, décrivant des défis multiples pour le football camerounais. Au cœur des préoccupations, la question des droits des joueurs, souvent reléguée au second plan dans un contexte préélectoral.
Une saison marquée par l’échéance électorale à la FECAFOOT
La saison 2024-2025, récemment lancée, précède une période clé : le processus électoral au sein de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), qui culminera en décembre 2025 avec l’élection du président fédéral et de son Comité Exécutif. Dans ce contexte, les jeux politiques prennent le pas sur les enjeux sportifs, les présidents de clubs – principaux électeurs – devenant la cible de toutes les attentions.
Samuel Eto’o, président sortant de la FECAFOOT, a déjà donné le ton. En cooptant deux présidents de clubs, Pierre Batamack (Avion Académie) et Pascal Abunde (PWD de Bamenda), au Comité Exécutif, il s’est positionné pour séduire cet électorat stratégique, malgré leurs antécédents en matière d’insolvabilité vis-à-vis des joueurs.
Une crise des droits des joueurs en perspective
Cette stratégie électoraliste a toutefois des conséquences inquiétantes pour les joueurs. La cooptation de dirigeants épinglés pour non-paiement des salaires envoie un signal d’impunité, accentuant l’inquiétude autour du respect des droits contractuels des footballeurs. Les premières tensions sont déjà visibles : des mouvements de grève et des plaintes pour salaires impayés pourraient se multiplier, risquant de compromettre les maigres avancées obtenues ces dernières années.
Dans le même temps, des tentatives de marginalisation du SYNAFOC, seul organe légitime de défense des intérêts des joueurs, se dessinent. Une « association alternative », soutenue par la FECAFOOT et pilotée par des proches de Samuel Eto’o, a vu le jour, mettant en péril l’expression des revendications légitimes des joueurs.
L’insolvabilité des clubs : un mal structurel
La FECAFOOT elle-même semble entretenir cette culture de l’insolvabilité. Bien que la circulaire 064/FCF/SG/DDF/CLM/2024 interdise aux clubs ayant des arriérés de participer aux compétitions, plusieurs équipes, comme Yong Sports Academy et l’Union Sportive de Douala, ont été autorisées à jouer malgré leurs dettes. Cette tolérance illustre un double discours et compromet davantage la situation financière des clubs et, par ricochet, celle des joueurs.
Un calendrier sportif intenable
La saison 2024-2025 commence sous des auspices compliqués : une trêve de huit mois, un démarrage tardif et un calendrier condensé en raison de la CAN 2025. Cette situation expose les joueurs à des risques accrus de blessures et d’épuisement, affectant non seulement leur santé, mais également la qualité globale des championnats.
Une saison au service des calculs politiques
Entre priorités électoralistes et gestion approximative, la FECAFOOT semble prête à sacrifier les droits des joueurs au profit des intérêts des présidents de clubs. Ces derniers, considérés comme un « bétail électoral », se retrouvent au centre des stratégies fédérales, au détriment de la dignité et du bien-être des principaux acteurs du football.
Pour le SYNAFOC, cette saison s’annonce comme un véritable test pour la défense des droits des joueurs, dans un climat où les enjeux électoraux risquent d’éclipser les préoccupations sportives et humaines.